L’origine du Rite de Memphis-Misraïm remonte à plus de 200 ans.

Sa force, sa vigueur et sa notoriété se font davantage sur ses spécificités et ses recherches que sur le nombre de ses membres…

Le Rite rassemble les Maçons que lie un même attrait pour le Symbolisme, l’Esotérisme et l’Hermétisme.

Se définissant lui-même comme « Symbolique, Traditionnel et Initiatique », le Rite perpétue en outre, la Tradition d’attachement aux Principes de Tolérance et de Liberté de Pensée qui en firent, au XIXème siècle, sous la Terreur Blanche, le refuge et la pépinière des Carbonari…

Le Rite de Misraïm. (Venise 1788)

Un groupe de Sociniens (groupe Protestant anti-trinitaire) demande une patente de constitution à Alexandre Cagliostro, alors de passage à Trente…

Ne souhaitant pas pratiquer la rituélie magico-kabalistique de ce dernier, ils choisissent de travailler au Rite Templier, Alexandre Cagliostro leur transmet donc la Lumière Maçonnique…

Les trois premiers degrés de la Maçonnerie Anglaise et les degrés supérieurs de la Maçonnerie Allemande sont très marqués par la Tradition Templière. Le nom de Misraïm, en hébreu ancien « les Egyptiens » est donc le seul rappel de ce Rite Egyptien qui leur transmit la personnalité de l’Ordre. Misraïm va essaimer rapidement à Milan, Gênes, Naples et sera introduit en France par Michel Bédarride, qui avait reçu en 1810 à Naples, les pouvoirs magistraux du Frère De Lassalle…

De 1810 à 1813, les 3 frères Bédarride développent avec succès le Rite en France, et cela quasiment sous la protection du Rite Ecossais. Le Rite de Misraïm compte, en effet, des noms maçonniques illustres à sa tête : le Comte de Murayre, Souverain Grand Commandeur du Rite Ecossais Ancien Accepté, le Duc Decazes, le Duc de Saxe-Weimar, le Duc de Leicester, le Lieutenant Général Baron Teste, etc…

Rapidement, sous la Terreur Blanche, c’est Misraïm qui transmet leur nécessaire maîtrise aux Carbonari. Violemment anticlérical et antiroyaliste, le Rite groupe alors une cinquantaine de Loges à travers le pays. La police de la Restauration obtient sa dissolution.  Clandestin pendant 18 années, restauré en 1838, dissout à nouveau en 1841, il sort de la clandestinité en 1848. Dès lors, il s’achemine vers la fusion, en 1881, avec le Rite de Memphis, sous l’impulsion de Guiseppe Garibaldi.

Le Rite de Memphis.

La plupart des membres de la mission d’Egypte qui accompagnèrent Bonaparte étaient maçons de très anciens rites initiatiques : Philaleptes, Frères Africains, Rite Hermétique, Philadelphes, Rite Primitif, sans omettre le Grand Orient de France.

C’est la découverte, au Caire, d’une survivance gnostico-hermétique qui va conduire ces Frères à renoncer à la filiation reçue jadis par la Grande Loge de Londres. Ainsi, sous la direction de Samuel Honis et de Gabriel Marconis de Nègre, naît à Montauban en 1815, un nouveau courant maçonnique ne devant rien à l’Angleterre, le Rite de Memphis.

Si, très rapidement, le Rite de Misraïm rassemble les Jacobins nostalgiques de la république avec les Carbonari, c’est au sein du Rite de Memphis que se regroupent les demi-soldes de l’ex grande armée et les bonapartistes demeurés fidèles à l’Aigle.

Notons que les 2 Rites ont en 1816, le même Grand Maître Général, prémices de la fusion future.

Mais le Grand Orient de France, majoritairement monarchiste, obtient la dissolution du Rite de Memphis. En 1826 cependant, le Rite reprend ses travaux sous l’Obédience du Grand Orient de France. Dissout comme Misraïm en 1841, Memphis entre, lui aussi, dans la clandestinité, et il ne réapparaît qu’avec la République en 1848. Dissout de nouveau en 1850, réveillé en 1853, Memphis est reconnu par le Grand Orient de France en 1862.

Comportant alors de très nombreuses Loges à l’étranger, il compte des personnalités telles que : Louis Blanc et Garibaldi qui, 19 années plus tard, sera l’artisan de l’unification de Memphis et de Misraïm.

Le Rite de Memphis-Misraïm.

Jusqu’en 1881, les Rites de Memphis et Misraïm cheminent parallèlement et de concert, dans un même climat particulier…

Or les deux Rites commencent à rassembler sous double appartenance des maçons du Grand Orient de France et du Rite Ecossais Ancien et Accepté ainsi que du Droit Humain qu’intéressent l’Esotérisme de la Symbolique Maçonnique, la Gnose, la Kabbale voire l’Hermétisme…

En effet, outre leurs dépôts Egyptiens, Misraïm et Memphis sont toujours les héritiers et les conservateurs des vieilles Traditions Initiatiques du 18ème siècle ; Philalètes, Philadelphes, Rite Hermétique, Rite Primitif…

Misraïm compte 90 degrés divers et Memphis 95…

Lorsque Garibaldi est désigné comme premier Grand Maître Général « Ad Vitam », une fusion de fait s’accomplit et rend possible l’établissement d’une échelle commune des degrés de la Maçonnerie.

Aujourd’hui, après les trois premiers degrés de la Maçonnerie Universelle, les particularités de Memphis Misraïm s’affirment dans les Ateliers Supérieurs qui pratiquent :

–  4ème degré :           Maître Secret ; 

–  9ème degré :           Maître Elu des Neuf ;

– 12ème degré :         Grand Maître Architecte ;

– 14ème degré :         Grand Elu de la Voûte Sacrée ; 

– 18ème degré :         Chevalier Prince Rose  Croix ; 

– 28ème degré :         Chevalier du Soleil ; 

– 30ème degré :         Chevalier Kadosch ; 

– 32ème degré :         Prince du Royal Secret ; 

– 33ème degré :         Souverain Grand Inspecteur Général.

Les 90ème et 95ème degrés sont conférés à des maçons en récompense et reconnaissance de leur valeur, de leur connaissance, de leur travail et de leur fidélité, ainsi que de leurs qualités morales qui leur confèrent le droit de siéger au « Conseil des Sages » en qualité de Grand Conservateur du Rite…

Les 96ème et 97ème degrés sont conférés au Président du Souverain Sanctuaire qui conserve ces degrés après la fin de cette charge…

Le 66ème degré Patriarche Grand Consécrateur est le seul à pouvoir consacrer une nouvelle Loge ou un nouvel Atelier Supérieur.

Mais la chevalerie peut également être transmise avec le 20ème degré dit Chevalier du Temple, issu directement de l’Ancienne Stricte Observance Templière et des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte « C.B.C.S » de Jean Baptiste Willermoz.